Promotion de Gaël de Guichen au rang d’Officier dans l’Ordre National du Mérite

Promotion de Gaël de Guichen au rang d’Officier dans l’Ordre National du Mérite

Fondation Primoli, 8 juin 2023ӧ

Son mérite, notre chance à nous de le connaitre et de pouvoir être à ses côtés !

C’est une remise de médaille pas comme les autres qui nous a rassemblés, en ce jeudi 8 juin 2023 à la Fondation Primoli, en présence de Monsieur l’Ambassadeur Christian Masset. Il faut bien admettre que le décor y fait beaucoup : l’atmosphère feutrée de la bibliothèque qui rassemble les plus grands ouvrages des plus grands auteurs français donne le ton dès notre arrivée et les notes douces du piano peaufinent l’ambiance cosy de ce si beau lieu de recueillement. Bien sûr, Gaël y a mis de sa plume en ajoutant, de ci, de là, quelques traces de son histoire: des cartes postales de Monnalisa insérées dans les livres aux batiks pendus au mur, témoignages de ses exceptionnelles réalisations professionnelles en Afrique et aussi le conteur africain et son korigan !

Le discours de l’Ambassadeur Masset est à la hauteur du lieu, solennel, sincère et si émouvant. Gaël s’est entouré de ses amis, de sa famille et avec grande fierté nous avons partagé ce moment solennel et précieux de la remise de la médaille d’Officier de l’Ordre National du Mérite, témoignage d’un parcours professionnel extraordinaire et de réalisations historiques, en particulier en Afrique dans le cadre du programme Prema de l’Iccrom (Centre International d’Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels).

Alors de mérite, Gaël nous en parle lui-même :

« PARLONS MERITE.

Habiter l’Italie, ai-je du mérite à cela ? Habiter Rome depuis 53 ans … Habiter Milan, oui on a du mérite ! …. Mais habiter Rome la ville que le monde entier rêve de visiter une fois dans sa vie, où est le mérite … ?

Loger dans ce palais qui a vu passer tant de français illustres, y avoir un appartement en sandwich entre

deux Musées …au-dessus du Musée Napoléon et en dessous du Musée Mario Praz ! Trouvez-vous du

mérite à cela ? Faire des missions dans le monde entier, voir et parfois toucher des œuvres d’art, contribuer à la sauvegarde le patrimoine afin de le mettre à disposition du public. Entrer gratuitement dans les Musées du monde entier, et y entrer en plus gratuitement sans faire la queue …. Où est le Mérite dans tout cela ? Je crois qu’il ne faut pas confondre MERITE et CHANCE.

J’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a fait découvrir la richesse du patrimoine et, qui m’a aidé à

m’engager dans cette voie. J’ai eu la chance d’avoir des maitres qui patiemment m’ont indiqué le chemin à suivre. Permettez-moi de les nommer : Harold Plenderleith, l’Ecossais le premier de mes 10 directeurs, le Suisse Bruno Mühlethaler avec qui je me suis diplômé, le Français Albert France-Lanord qui m’a appris à découvrir les messages des objets les Italiens Paolo et Laura Mora qui en Egypte en 1970 ont sauvé ma carrière, Paul Perrot qui par ailleurs a tant fait pour l’ICCROM et son personnel, le Turc Cevat Erder, le Danois Steen, Bjarnhof , l’italien Walter Persegatti qui m’a expliqué il y a 45 ans le rôle d’un musée. Aucun d’entre eux ne sont plus là mais je ressens fortement leur présence autour de moi, ce soir.

Durant toute ma carrière, j’ai eu la chance de connaitre des collègues passionnés par leur métier dont certains sont venus de loin pour être ici ce soir. J’ai eu la chance d’avoir des amis chers, et particulièrement dans les 4 dernières années. Ils m’ont soutenu dans une période difficile. J’ai eu la chance de m’adresser à des milliers de jeunes collègues et de pouvoir ainsi leur transmettre le peu que je crois savoir et qui m’a guidé. J’ai eu la chance de voir briller dans leurs yeux cette étincelle qui indiquait sans possibilité d’erreur que quelque chose avait changé et que leur vie prenait un sens.

Grace à eux, j’ai eu la chance de contribuer à sauvegarder et à mettre à la disposition du public des œuvres exceptionnelles : Altamira, Lascaux, Saint Jacques de Compostelle, le musée égyptien du Caire, Goreme en Cappadoce. Mais, en ce moment c’est certainement en Afrique subsaharienne que va ma pensée. J’ai eu la chance de pouvoir œuvrer dans le cadre du programme PREMA dans les musées nationaux de 12 pays d’Afrique au Sud du Sahara. Pour cela, j’ai eu la chance d’avoir des collaborateurs formidables (Terry, Marie-France, Catherine, Patrice, Alain) qui se sont engagés avec moi dans le programme innovateur et un peu fou PREMA). Nous étions l’équipe de pointe mais sans le support de l’administration, de la bibliothèque, des archives, des services techniques de l’ICCROM, qu’aurions-nous pu faire ?

A travers Catherine Antomarchi et moi-même ce soir, la France, a voulu, je pense, honorer l’ICCROM pour s‘être engagé, il y a de cela 37 ans, dans un projet qui aujourd’hui porte ses fruits. Peut-être pensez-vous que je suis bien présomptueux mais, je crois, qu’il n’y aurait pas eu de restitution par la France au Bénin des 26 objets provenant du pillage en 1892 des Palais d’Abomey sans le programme PREMA lancé par l’ICCROM en 1986. A travers Catherine qui va être également décorée et moi-même, c’est en fait au personnel de l’ICCROM que ces médailles sont destinées. C’est à chacune de ceux et celles qui a un moment nous ont aidés à accomplir notre mission. En attribuant ces deux médailles, la France a voulu reconnaitre le travail du personnel de l’ICCROM et a choisi que ce soit nous qui portions l’expression de sa reconnaissance. »

L’engagement et l’humilité de Gaël nous émeuvent et nous sommes conscients que c’est nous qui avons la CHANCE de connaitre une personne si extraordinaire et exceptionnelle!